Un projet qui n’avance pas n’en est pas un! Depuis octobre 2007, publicitaires, annonceurs et régies marchent droit devant pour lancer un Conseil d’autorégulation. Une sorte d’instance professionnelle chargée de veiller au respect de la déontologie et la promotion d’une publicité responsable (voir encadré).
Début juin dernier, les deux sous-commissions, code déontologique et autorégulation, ont présenté l’état d’avancement de leurs travaux. Il est prévu qu’une première copie d’un code de déontologie soit livrée pour septembre prochain.
D’ailleurs, «une réunion plénière de la commission tripartite se tiendra lors de la première quinzaine de ce même mois», affirme Abdelfettah Zakaria Mekouar, délégué général du Groupement des annonceurs du Maroc (Gam). Cette réunion, où seront présents publicitaires, régies et annonceurs, s’annonce particulièrement chargée. En effet, un chronogramme sera établi en vue de déterminer la date de lancement du Conseil d’autorégulation, en fin d’année ou début 2009. Une information à interpréter au conditionnel, nuance le délégué général du Gam. Quelle que soit la date retenue pour le lancement de la future institution publicitaire, des concertations se tiendront à priori avec le régulateur télécom (ANRT), la Haute autorité de la communication audiovisuelle (Haca) et le ministère de la Communication. D’autres points qui touchent particulièrement le fonctionnement et le financement de la future instance seront également discutés en septembre.
Mais pas seulement. Les représentants du monde publicitaire vont se pencher aussi sur «le mode de collaboration qu’ils comptent lancer avec l’Autorité de régulation professionnelle de la publicité (ARPP)», est-il souligné auprès des annonceurs.
Cette instance française, qui a fêté ses soixante-dix ans en 2005, a changé de dénomination fin juin. L’ex-Bureau de vérification de la publicité a accompagné son changement de sigle par une ouverture sur la société civile et la mise en place d’instances associées tel que le Jury de la déontologie publicitaire. Un organe qui dispose d’un pouvoir de sanction.
Cette mutation pourrait inspirer les architectes du futur Conseil d’autorégulation marocain. Bien évidemment, il est toujours plus pertinent de comparer plusieurs modèles institutionnels en vue d’en déceler les limites. Le souci d’adaptation au contexte local, qualifié de «marocanisation», doit rester omniprésent.
Toujours est-il que c’est dans cette optique de coopération franco-marocaine qu’une rencontre «informelle» a eu lieu, le 4 juillet à Casablanca, en marge de l’Université d’été des médias et de la communication. Deux présidents d’associations professionnelles, celui du Gam, Kamal Bouayad, et celui de l’Union des agences conseil en communication (UACC), Rachid Hamdad, se sont entretenus avec Joseph Bensnainou, l’actuel DG de l’instance hexagonale de régulation de la publicité, l’ARPP. Ce dernier, a «exposé l’expérience du régulateur français et a fait part de la disponibilité de l’Alliance européenne pour l’éthique en publicité à accompagner, en cas de besoin, la création d’une instance marocaine d’autorégulation», précise Bouayad. L’ARPP est membre fondateur de cette association internationale, créée en 1992. Son rôle est de promouvoir notamment l’autodiscipline, même en dehors de l’UE. Elle vient d’ailleurs d’éditer son «Livre bleu».
Il est aussi «fort envisageable qu’une délégation marocaine du monde publicitaire se déplace prochainement à l’étranger», est-il indiqué. Le principe est en tout cas retenu. Et les détails de ce voyage seront également traités lors de la réunion de septembre prochain. La désignation de rapporteur ou coordinateur «officiel» des sous-commissions sera également à l’ordre du jour.
Flash-back
Une première réunion, tenue le 6 février dernier s’est soldée par la création d’une commission tripartite (annonceurs, régies et agences publicitaires). Un mois et un jour plus tard, il a été décidé, lors d’une 2e réunion, de scinder la commission tripartite en deux sous-commissions: code de déontologie et autorégulation. Ses membres comptent, entre autres, le nouveau DG de 2M, Salim Sheikh, le président de l’Union des agences conseil en communication (UACC), Rachid Hamdad, Hicham Marhoum, le top management de Mindshar ou encore Alexandra Louarn, la directrice marketing de Beiersdorf Morocco.
Une périodicité hebdomadaire pour les réunions des sous-commissions, a été fixée. Celle de la déontologie, par exemple, se réunit en principe chaque mercredi au siège de la régie publicitaire attitrée de la SNRT, à savoir Maroc Pub Média (ex-Sap). Toutefois, les réunions se déroulent le plus souvent au siège du Gam. Quant aux réunions plénières, elles se tiennent également le mercredi de chaque mois.
Autorégulation
L’autorégulation est un signe de maturité professionnelle et sectorielle, à condition qu’on ne l’instaure pas juste pour la forme. Le monde publicitaire planche sur la création d’une instance qui veille en amont au respect des règles déontologiques. Car, en aval, c’est la Haute autorité de l’audiovisuel, qui, d’après l’article 3 de la loi 77-03, se charge de veiller à la régularité du contenu publicitaire: une publicité doit être légale, honnête et vraie. Le respect de ces règles vise la protection de la concurrence, de l’ordre public et surtout des téléspectateurs/consommateurs.
Tant qu’il n’y a pas d’instance qui vise la pub avant sa diffusion, le risque d’interdiction d’un spot reste élevé. «De plus, aucune législation n’organise, de façon générale, la communication publicitaire. Ce qui rend difficile la qualification de certains cas par les opérateurs, les professionnels et la Haca», analyse Nabil Boughabi, chercheur en droit économique.
Faiçal FAQUIHI
Source : http://www.leconomiste.com/