IL y a plus d’un millier d’huissiers de justice dans le Royaume. Avec 134 huissiers, Casablanca se taille la part du lion. «Le 25 septembre est une date spéciale dans l’histoire de notre profession», selon Mohamed Talbi. C’est ce jour-là qu’a été choisi le président honorifique de l’Ordre national. Dix sept conseils nationaux et leurs membres élus ont désigné, à l’unanimité, Abdelaziz Foughni, à la tête de la présidence honorifique. Sa consécration se justifie par son expérience: Foughni a dirigé pendant 16 ans l’Association professionnelle des huissiers de justice.
Il devra ainsi représenter l’ordre vis-à-vis des administrations et des tiers et donner son avis dans le cadre des commissions créées par le ministère de la Justice pour statuer sur tout ce qui concerne la profession. Voilà en substance ce que prévoit l’article 15 du décret d’application de la loi n° 81-03 régissant la profession d’huissier de justice. Pourquoi donc désigner plutôt que d’élire le président de l’Ordre national? «Afin d’éviter les effets négatifs sur le président élu et les éventuels heurts subséquents entre les huissiers de la justice», affirme Talbi. La profession est, semble-t-il, laminée par les querelles. La nomination d’un président honorifique lui évite ainsi de s’engouffrer dans une guéguerre nocive pour l’avenir de la profession…
Aussi bien le président honorifique que Saïd Bourman, président de l’Ordre de Casablanca, sont restés injoignables pour éclaircir la situation. Au-delà des titres, les problèmes dont souffre cette profession lèvent le voile sur les challenges que doit confronter la réforme de la justice. «Chez beaucoup d’huissiers, les cafés remplacent les bureaux». Voilà une raison qui explique pourquoi «plus de 70% de ces auxiliaires de justice sont au chômage technique». Il suffit de vérifier le registre du secrétariat greffier pour vérifier une telle statistique. Même les avocats rechignent à faire appel aux services d’un huissier sans cabinet. Ce qui est compréhensible. Le métier est aussi une profession à risque: l’huissier est tenu par des délais lorsqu’il s’agit de notifier un jugement, une ordonnance…
Dans son rapport 2007-2008, l’Inspection générale du ministère de la Justice relève que les huissiers chargés d’exécuter les jugements ne sont pas contrôlés. Ce rôle revient pourtant au parquet et au président du tribunal de première instance. Là il faut par ailleurs faire la part des choses. La profession ressemble à Berlin d’avant 1989: il y a ceux ayant un statut de fonctionnaire du ministère de la Justice et les indépendants! L’Inspection précise que l’exécution est particulièrement difficile dans le milieu rural et à l’encontre des administrations et établissements publics.N’empêche que même la mairie ne rend pas la vie facile aux huissiers. A Casablanca, trois rues Oum Errabia existent dans trois quartiers différents!
Faiçal FAQUIHI