Enseignement supérieur : Enfin, le décret sur l'équivalence des diplômes

Enseignement supérieur : Enfin, le décret sur l'équivalence des diplômes

Publié le : - Auteur : L'Economiste

LE problème de l’équivalence des diplômes va-t-il enfin être résolu? Le Conseil de gouvernement réuni mercredi 13 janvier a adopté le projet de décret sur la mise en œuvre des articles 51 et 52 de la loi portant organisation de l’enseignement supérieur. Ce projet de texte décline les conditions et modalités d’octroi et de retrait de l’accréditation des filières de formation aux établissements d’enseignement supérieur privés. «Désormais, tout programme accrédité sera sanctionné par un diplôme signé par le président de l’université de la région dont relève l’établissement qui l’a délivré. Ce qui mettra un terme à ce problème épineux de l’équivalence», indique Abderahmane Lahlou, président du groupe Cegepec.
Néanmoins, cette «régularisation» se traduira par un durcissement des conditions d’octroi des accréditations. Les autorités entendent mettre le maximum de verrous pour «maintenir les standards académiques des universités et des écoles marocaines», assure-t-on auprès du département de l’Enseignement supérieur. Une déclaration qui a tout l’air de justifier la drôle de suspicion sur l’enseignement privé de la part de l’administration. Alors que leur ouverture est soumise à une lourde procédure bureaucratique, les pouvoirs publics traînent les pieds pour activer l’un des volets les plus importants du dispositif d’accréditation, celui devant conduire à l’équivalence académique entre les diplômes nationaux et ceux que préparent les établissements privés. Résultat, malgré la reconnaissance du marché et des entreprises de la qualité de leur enseignement, les écoles privées «n’ont pas le droit de délivrer les diplômes estampillés LMD (licence, master, doctorat) qui restent un label étatique», affirme, Mokhtar Bakkour, directeur des affaires juridiques au département de l’Enseignement supérieur. Du coup, les portes de l’emploi dans la Fonction publique leur sont complètement fermées faute d’équivalence de leur diplôme avec les titres d’Etat. Impossible donc de se présenter aux concours d’accès dans l’administration publique et aux établissements dépendants. Au mieux, ils ne peuvent faire valoir que le titre obtenu avant cette formation. Et c’est le secteur privé qui profite de cette hypocrisie.
En tant que tel, cette restriction n’est pas un handicap car de toute façon, l’Etat-employeur ne recrute que de manière parcimonieuse. Sans état d’âme, le directeur des affaires juridiques de l’enseignement supérieur enfonce le clou. Il n’hésite pas à accuser certains établissements de concurrence déloyale, qui utilisent les labels des diplômes publics dans leur publicité. «Ce qui risque de semer la confusion dans l’esprit des étudiants», poursuit-il.
Abderrahmane Lahlou place la problématique dans son contexte. En 1984, date de l’autorisation de l’enseignement privé, les autorités craignaient que ces écoles produisent une nouvelle vague de chômeurs, à l’image des universités publiques. Néanmoins, ces diplômes, rejetés par l’Etat, ont la cote auprès des entreprises, assure Lahlou. «Ces dernières accordent plus d’attention aux compétences qu’aux diplômes», renchérit Thami Ghorfi, président du groupe Esca.

Tarik HARI

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