Alain Crenn remonte du cash du Samanah Club alors que le projet est loin d'être achevé

Alain Crenn remonte du cash du Samanah Club alors que le projet est loin d'être achevé

Publié le : - Auteur : La Vie Eco

Avant même de parachever le Samanah Country Club, son projet touristique et immobilier à Tamesloht, à 14 km de Marrakech, qui accuse plusieurs mois de retard sur le calendrier initial, Crenn en remonte déjà la coquette somme de 92,4 MDH. En effet, le groupe français, spécialisé dans la promotion et l’aménagement de resort, a procédé à une réduction de capital non motivée par des pertes de sa filiale marocaine Samanah Hotels. Celle-ci a ainsi annulé quelque 924 000 actions d’un nominal de 100 DH, et ce, par remboursement de l’actionnaire, ce qui a ramené, in fine, le capital de 141 MDH à 48,6 MDH.

La partie hôtelière était le socle de l’argumentaire du groupe

Il faut dire que cette remontée de cash intervient alors que le promoteur qui avait signé en grande pompe avec le gouvernement marocain en janvier 2006 une convention d’investissement portant sur 2,5 milliards de DH n’a finalement respecté que partiellement ses engagements de livraison. Il a effectivement réalisé le green de 18 trous signé Nicklaus Design étendu sur 100 ha, ainsi que les premières tranches de la partie résidentielle (500 villas et 100 appartements haut de gamme) sur laquelle il a réalisé de plus-values juteuses, sachant que la construction a été, en grande partie, autofinancée, dès 2006 et 2007, par les avances clients, sachant que le prix des appartements démarrait à 1,5 MDH et celui des villas variait entre 4,8 et 20 MDH.
En revanche, la composante hôtelière dont la rentabilité est à plus long terme a visiblement été laissée pour compte. Des trois hôtels d’une capacité globale de 1 086 lits dont le premier, encore en chantier, devait être livrée au célèbre hôtelier britannique Campbell Gray depuis octobre 2008, aucun n’est à ce jour opérationnel.
Certes, comme pour tous les investisseurs internationaux, le groupe français pourrait exciper des effets de la crise internationale qui a tempéré les ardeurs et atténué l’appétence des hôteliers et autres acheteurs fortunés de riads de luxe, mais il est à rappeler que la composante touristique fut présentée comme le principal vecteur de création d’emplois et socle argumentaire pour l’acquisition à prix sacrifiés du foncier (près de 300 hectares).
C’est donc, jusqu’à preuve du contraire, à un simple projet immobilier agrémenté d’un golfe prestigieux que le Samanah Country club a été ramené alors qu’à l’origine il a été présenté comme un projet aux grandes ambitions. Le mégaprojet comprenait un golf, plusieurs hôtels, 144 appartements de grand luxe, 500 villas, des salles de congrès, un club pour enfants et un centre d’animation touristique. «Samanah Country, c’est le premier chantier d’une série de 20», pouvait-on lire dans la presse à l’époque. En septembre 2006, une convention de coentreprise (joint-venture) avait même été conclue entre le groupe français et la holding Leading Hotels of the World. C’est elle qui gère notamment le prestigieux Wan Aldwych Hotel à Londres. A Tamesloht, elle a planifié l’édification de deux hôtels hors catégorie et d’un 5 étoiles qui devaient offrir au total 1500 lits. Enfin, l’investisseur français avait aussi promis de former et d’employer des habitants des douars avoisinants, Samanah Country Club devant créer quelque 1500 emplois directs pour les trois années de chantier. Du reste, le promoteur s’était engagé à former des jeunes de la région dans les métiers du tourisme afin de les intégrer dans ses hôtels et résidences.
Où est passé tout cela ? On espère se tromper mais l’exemple d’Alain Crenn ne serait-il en fin de compte qu’un cas parmi celui de tant d’autres investisseurs internationaux qui n’ont pas respecté (certains ont plié bagage avant le premier coup de pioche !) leurs engagements, malgré les avantages substantiels dont ils ont bénéficiés ? Reste à savoir ce que les responsables locaux en charge du dossier ont fait pour inciter le promoteur qui avait eu le terrain pour une bouchée de pain à se plier aux conditions de la convention d’investissement.

J-B

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